samedi 26 octobre 2013

FOURS A GLOBE : DES PRECISIONS

Il existe plusieurs types de fours à bois pour la céramique. Ces fours ont connu de multiples variantes et évolutions, dont un des plus communs est le four globe ou le four dôme.

Il fallait impérativement atteindre des températures élevées pour vitrifier les porcelaines : environ 1 350 degrés Celsius. Aujourd’hui, avec la modernisation en cuisson avec des fours à gaz communément appelés fours cellules, d’une capacité de près de 18m3 de cuisson et passant de 24h à 36h à près de 1430°C pour une meilleur vitrification de la porcelaine et rendant celle-ci imperméable pour l’hygiène, la résistance et bien sûr le côté esthétique y sont.

Mais revenons à nos fours globe vierzonnais. Ceux-ci sont construits pour les maîtres verriers vers 1860, puis transformés en 1881 en fabriques de cuisson pour la porcelaine à trois fours. Il semblerait que le troisième four se soit effondré. La charpente métallique, quant à elle, est exceptionnelle. Elle aurait été construite sur place dans les années 1840-1850. Ces fours sont à feu intermittent à flamme renversée, fonctionnant au charbon, et datent des années 1880.

Ce qui est intéressant à noter est que ces fours fonctionnaient au bois et leur fonctionnement s’appelait “fours à flamme renversée”, les flammes étant guidées vers la voûte et rabattues pour une cuisson plus homogène. Ce modèle fut mis au point à la Manufacture Nationale de Sèvres. Pour produire des températures de 1 200 C° et plus, seul du bois sec de trois ans au moins permet de monter correctement en température. Tous les bois ne sont pas adaptés à la cuisson, on préférera le bouleau, le pin, le chêne et l'acacia.

A Vierzon, le bois utilisé pour chauffer ces fours est exclusivement du bois de bouleau. Sa combustion forte et rapide est uniforme, sa flamme est longue et il dégage peu de cendres. Ce bois est le seul capable de porter le four aux températures recherchées (petit feu vers 800 C°, grand feu vers 1300 C°). Ce four possède quatre foyers pour bien répartir la chaleur. Dans les fours verticaux, le foyer est situé en partie basse, sous un ou plusieurs étages de pièces à cuire. Cette disposition permet d'exploiter rationnellement les diverses températures en fonction des pièces à cuire. La partie basse est réservée à la cuisson d'émaillage, les chambres supérieures à la cuisson du “dégourdi”, au dernier étage le réchauffage des gazettes.
 
La conduite de la cuisson d'un four à bois est très délicate et requiert une certaine expérience. Elle peut durer de quelques heures à quelques jours, voire quelques semaines. Elle se déroule en plusieurs phases:
1) Rez de chaussée : le grand feu, de 1 000 à 1 250/1 280 C° pour la cuisson de grès ou de faïences ou 1 350 C° pour la cuisson de la porcelaine. Il s'agit de donner au tesson sa solidité finale et de permettre aux émaux de fondre.
2) 1er étage : le petit feu ou cuisson du dégourdi. Il s'agit de monter de 100 à 1 000 C°. Durant cette période délicate, jusqu'à 300 C° notamment, des explosions de pièces peuvent survenir si l'on monte trop vite en température. Ces explosions viennent de l'eau encore présente dans les pièces. Avant de rentrer en cuisson, les pièces étaient séchées, “séchage cuir” au regard. Les pièces sont blanches. Il subsistait encore à l’intérieur des “colloïdes”, gouttes d’eau emprisonnées dans la porcelaine crue qui implosaient en “cocotte-minute” dans le four et pouvaient endommager les autres pièces dans chaque espace de cuisson, c’est-à-dire qu’elles étaient rangées consciencieusement façon “puzzle” pour un maximum de gain de place. On appelle aussi la cuisson du dégourdi “dégazage” de la pièce.
3) 2ème étage : on entreposait principalement des moules en plâtre et des supports réfractaires que l’on appelle “gazettes”. Ce 2ème étage servait de séchoir à haute température, variant de 100 à 250 C°.

Pour “monter”, charger le four, une semaine était parfois nécessaire. Ensuite, on maçonnait la porte du four avec de la brique et du ciment réfractaire. Une fois le cycle de cuisson achevé, on cassait la porte et on commençait à “démonter”, décharger le four, souvent dans une chaleur insoutenable. Les chauffeurs de four étaient 4 par four, 8 avec les aides-chauffeurs pour approvisionner constamment les 4 foyers 24h/24h plusieurs heures, plusieurs jours, plusieurs semaines suivant la cuisson recherchée.

Pour Vierzon, il faut absolument rénover les 2 fours nous restant pour une visite “grand public” et pour la mémoire industrielle porcelainière, sur le principe de la grotte de Lascaux. Un patrimoine inestimable classé “Monument Historique” depuis 1999. Et peut-être, pourquoi pas, créer un éco- musée vivant de la porcelaine du bassin d’emploi de Vierzon au XIXième siècle…

J2F

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