Il
fallait impérativement atteindre des températures élevées pour vitrifier les porcelaines :
environ 1 350 degrés Celsius. Aujourd’hui,
avec la modernisation en cuisson avec des fours à gaz communément appelés fours
cellules, d’une capacité de près de 18m3 de cuisson et passant de 24h à 36h à
près de 1430°C
pour une meilleur vitrification de la porcelaine et rendant celle-ci
imperméable pour l’hygiène, la résistance et bien sûr le côté esthétique y sont.
Mais
revenons à nos fours globe vierzonnais. Ceux-ci sont construits pour les maîtres
verriers vers 1860, puis transformés en 1881 en fabriques de cuisson pour la
porcelaine à trois fours. Il semblerait que le troisième four se soit effondré.
La charpente métallique, quant à elle, est exceptionnelle. Elle aurait été
construite sur place dans les années 1840-1850. Ces fours sont à feu intermittent à flamme renversée,
fonctionnant au charbon, et datent des années 1880.
Ce
qui est intéressant à noter est que ces fours fonctionnaient au bois et leur
fonctionnement s’appelait “fours à flamme
renversée”, les flammes étant guidées vers la voûte et rabattues pour
une cuisson plus homogène. Ce modèle fut mis au point à la Manufacture Nationale de Sèvres. Pour
produire des températures de 1 200 C° et plus, seul du bois sec de trois
ans au moins permet de monter correctement en température. Tous les bois ne
sont pas adaptés à la cuisson, on préférera le bouleau, le pin, le chêne et l'acacia.
A
Vierzon, le bois utilisé pour chauffer ces fours est exclusivement du bois de bouleau. Sa
combustion forte et rapide est uniforme, sa flamme est longue et il dégage peu
de cendres. Ce bois est le seul capable de porter le four aux températures
recherchées (petit feu vers 800 C°, grand feu vers 1300 C°). Ce four possède
quatre foyers pour bien répartir la chaleur. Dans les fours verticaux, le foyer est situé en partie basse, sous un ou
plusieurs étages de pièces à cuire. Cette disposition permet d'exploiter
rationnellement les diverses températures en fonction des pièces à cuire. La
partie basse est réservée à la cuisson d'émaillage, les chambres supérieures à
la cuisson du “dégourdi”, au dernier étage le réchauffage des gazettes.
La
conduite de la cuisson d'un four à bois est très délicate et requiert une
certaine expérience. Elle peut durer de quelques heures à quelques jours, voire
quelques semaines. Elle se déroule en plusieurs phases:
1)
Rez de chaussée : le grand feu, de
1 000 à 1 250/1 280 C° pour la cuisson de grès ou de faïences ou 1 350 C° pour
la cuisson de la porcelaine. Il s'agit de donner au tesson sa solidité finale
et de permettre aux émaux de fondre.
2)
1er étage : le petit
feu ou cuisson du dégourdi. Il s'agit de monter de 100 à 1 000 C°.
Durant cette période délicate, jusqu'à 300 C° notamment, des explosions de
pièces peuvent survenir si l'on monte trop vite en température. Ces explosions
viennent de l'eau encore présente dans les pièces. Avant de rentrer en cuisson,
les pièces étaient séchées, “séchage cuir” au regard. Les pièces sont blanches.
Il subsistait encore à l’intérieur des “colloïdes”, gouttes d’eau emprisonnées
dans la porcelaine crue qui implosaient en “cocotte-minute” dans le four et
pouvaient endommager les autres pièces dans chaque espace de cuisson, c’est-à-dire
qu’elles étaient rangées consciencieusement façon “puzzle” pour un maximum de
gain de place. On appelle aussi la cuisson du dégourdi “dégazage” de la pièce.
3) 2ème étage : on entreposait
principalement des moules en plâtre et des supports réfractaires que l’on
appelle “gazettes”. Ce 2ème étage servait de séchoir à haute
température, variant de 100 à 250 C°.
Pour
“monter”, charger le four, une semaine était parfois nécessaire. Ensuite, on
maçonnait la porte du four avec de la brique et du ciment réfractaire. Une fois
le cycle de cuisson achevé, on cassait la porte et on commençait à “démonter”,
décharger le four, souvent dans une chaleur insoutenable. Les chauffeurs de
four étaient 4 par four, 8 avec les aides-chauffeurs pour approvisionner
constamment les 4 foyers 24h/24h plusieurs heures, plusieurs jours, plusieurs
semaines suivant la cuisson recherchée.
Pour
Vierzon, il faut absolument rénover les 2 fours nous restant pour une visite “grand
public” et pour la mémoire industrielle porcelainière, sur le principe de la
grotte de Lascaux. Un patrimoine inestimable classé “Monument Historique”
depuis 1999. Et peut-être, pourquoi pas, créer un éco- musée vivant de la
porcelaine du bassin d’emploi de Vierzon au XIXième siècle…
J2F
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