Gérer une entreprise n’est pas
une chose facile. J’en sais quelque chose. Tous les jours.
Je suis arrivé à Vierzon en 1994.
Originaire de Bourges, après quelques pérégrinations à Tours et Saint-Gaudens,
j’ai choisi de venir travailler à Vierzon. Choisi. Pour relativiser, on
me proposait, à l’époque, de demeurer à Saint-Gaudens ou d’aller à Vierzon ou
Parthenay. Et j’ai choisi Vierzon. Arrivé à destination, une des premières
entreprises à me faire confiance a été APIA. Pour relativiser, mes concurrents ne se
bousculaient pas pour travailler avec elle.
Ce fût une brillante coopération.
Jusqu’à ce que ma direction d’alors m’interdise de travailler avec. Pour
renseignements financiers négatifs. Comme j’ai tardé à exécuter les ordres de
mes supérieurs hiérarchiques, j’ai même écopé d’un avertissement. Ce qui ne m’a
jamais fait ni chaud, ni froid, sûr de ma décision. APIA connaitra son premier dépôt de
bilan peu après. Puis, un homme est venu. Pas seul. Philippe ASSELIN. Depuis lors, malgré de nombreuses difficultés, il
a fait d’ APIA
une belle entreprise, rayonnant, dans sa partie, sur la France et l’Europe.
Aujourd’hui, près de 17 ans
après, APIA
est de nouveau en difficultés. Son destin est désormais dans les mains du tribunal
de commerce de Bourges. Avec un premier choix : poursuivre ou
liquider ? Un choix cornélien qui doit tenir compte des dettes de
l’entreprise, de sa capacité à les rembourser, de ses créanciers. Puis, il y a
l’impact social. En clair, les salariés. Pas toujours informés, pas toujours
consultés comme il le faudrait. Plutôt que des syndicats, à tout le moins des
élus, il faudrait que chaque salarié soit associé au devenir de son entreprise,
de son propre avenir. Dernière et, en même temps, première personne à être
associée à la survie de la société : son patron. Souvent, quand celui-ci
n’a plus la foi, la volonté ou la force, les chances de l’entreprise sont
divisées par dix. S’il en est autrement, l’avenir s’éclaircit. Le projet ASSELIN est, à mon avis, le meilleur
gage de survie d’APIA.
Selon la presse, confirmant les
informations que j’avais plus tôt, trois projets vont être ou sont déposés :
celui d’un fournisseur, celui d’un financier et celui du patron actuel. A mon
humble avis, selon mon expérience, le second a pour défaut d’avoir un autre
objectif : un financier a pour objectif premier le gain pécuniaire. En
soi-même, ce n’est ni répréhensible, ni immoral. Mais ce n’est pas un gage
d’avenir pour l’emploi. Le premier se rapproche plus d’un projet industriel
mais le centre de décision de l’entreprise ne sera pas à Vierzon, sauf à ce que
le principal actionnaire, le principal décisionnaire, vive à Vierzon. Ce dont
je doute. Fermer une entreprise, licencier quelqu’un est plus facile à faire
quand vous vivez à des milliers de kilomètres. Mettre quelqu’un au chômage
quand vous risquez de le rencontrer en achetant votre pain, quand votre fils
peut jouer au foot avec le sien ou quand votre fille risque de recevoir la
sienne chez vous n’est pas une chose facile à vivre. C’est pourquoi le projet
de Philippe ASSELIN, par ailleurs l’un des meilleurs connaisseurs de son
entreprise, de ses produits, de ses marchés, est un gage de réussite pour
l’avenir. Pourvu que le tribunal de commerce de Bourges fasse le bon choix.
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