vendredi 19 décembre 2014

DETTE MUNICIPALE

Il y a quelques jours, le 3 décembre 2014 exactement, paraissait un article très intéressant dans notre quotidien local, le Berry Républicain, sur la dette municipale de Bourges et Vierzon. Il est étonnant que les différents partis politiques locaux ne s’en soient pas fait plus l’écho. L’information était connue depuis un moment soit, sur le site du Journal du Net, mais tout de même.
 
Mais avant tout, il serait bon de rappeler quelques notions d’économie politique, pas si éloignée que ça de l’économie d’entreprise.
 


En économie politique, il existe deux budgets distincts : le budget de fonctionnement, visant à payer les services régaliens, et le budget d’investissement, visant à préparer l’avenir. Le premier peut s’apparenter au budget d’exploitation de l’entreprise. S’il paie les “services régaliens”, encore faut-il s’entendre sur leur définition et sur ce qu’ils recouvrent. Les services régaliens sont les services du roi, étymologiquement, les services de la République et des ses différentes couches du millefeuille aujourd’hui. Après, tout est une question de politique : plus vous tendez à gauche, plus le pouvoir en place cumule les services et prérogatives, plus vous tendez à droite, plus c’est l’inverse, exception faite de l’extrême droite française, qui tend à se fondre, économiquement parlant, avec l’extrême gauche à partir du PCF. Moi qui suis un libéral-démocrate, je me situe au milieu : je veux la liberté d’agir avec des bornes communes à tous et je veux que l’état détienne le moins de pouvoirs et délivre le moins de services tout en s’assurant que ceux-ci le sont par des services privés, avec le respect de notre devise : “Liberté – Egalité - Fraternité”. Maintenant, on peut discuter du qui fait quoi. C’est, d’ailleurs, la discussion qui se passe entre la Ville de Vierzon et la Communauté de Communes de Vierzon-Sologne-Berry avec le transfert des charges et dotations. Sur ce principe, Nicolas SANSU et ses disciples ont municipalisé l’eau... pour la redonner à l’ancien délégataire Véolia. On reprend les mêmes mais, comme dit Frédéric DARD, on cache la merde du chat sous le tapis. Personnellement, je n’ai jamais été contre la municipalisation de tel ou tel service, sous réserve que cela soit bien fait, même si je préfère la délégation de service public : nous ne sommes pas des professionnels de l’eau mais je sais ce que je veux et comment je le veux à la sortie de mon robinet.
 
pas à Vierzon
Pour revenir sur les budgets, ils sont tout autant importants l’un que l’autre. Si le budget de fonctionnement travaille pour le quotidien et se doit d’être justement suivi, le budget d’investissement travaille pour l’avenir, n’oubliant pas que chaque investissement porte en lui une obsolescence programmée, une usure prévisible. C’est, dans le monde de l’entreprise, ce que l’on appelle l’amortissement. En clair, on prépare par avance le remplacement de l’investissement réalisé quand celui-ci ne sera plus efficace, usé. Il existe ensuite deux types d’investissements : ceux appelés à produire des recettes dans un délai court (c’est, par exemple, une pépinière d’entreprises si celle-ci a été bien préparée) et ceux appelés à le faire dans un délai plus ou moins long, voire jamais. Ainsi, où classer la réfection (et la modernisation) d’une école primaire ? Pour ma part, je la mets dans la seconde catégorie d’investissements et pour autant la classe dans les priorités : l’école, c’est l’avenir, c’est NOTRE avenir. Le pire, c’est que nos erreurs d’aujourd’hui se paieront dans 20 ou 30 ans.
 
Ces budgets, discutables mais peu discutés, constamment votés par le leader de l’opposition actuelle Jean ROUSSEAU jusqu’au dernier, où il s’est contenté de s’abstenir, ont un corollaire : les recettes, LEURS recettes. Elles sont de l’ordre de quatre et seulement quatre :
1) Les impôts, avec une base fiscale qui augmente chaque année alors que nos gains ne le font pas et un taux décidé par les pouvoirs locaux (pour les budgets locaux). A Vierzon, les taux sont parmi les plus importants du département et les villes de même strate. Aux impôts j’ajoute les taxes et amendes. Le problème est que ces impôts sont, en partie, conditionnés par notre population : plus elle baisse, plus elle s’appauvrit, moins les impôts, en volume, sont importants. Sans compter que deux populations demandent plus de services que d’autres : les moins de 20 ans, avec l’éducation, entre autres, et les retraités. Hors, Vierzon vieillit...
2) Les placements financiers, une portion congrue à Vierzon, voire inexistante. Même si l’on pourrait envisager que Vierzon joue les investisseurs privés, comme elle le fait en partie avec la SEM Vie.
3) Les emprunts. Le problème est qu’il faut un jour les rembourser, en capital comme en intérêts. J’ai toujours été étonné d’entendre des personnes qui veulent que l’on ne les rembourse pas, qu’on ne paie pas les intérêts. Où croient-elles que leurs économies, sur leur livret A ou ailleurs, sont investies ? Un peu de réflexion ne leur ferait pas de mal... Maintenant, on peut négocier les taux et les mensualités...
4) Les dotations de l’Etat. Là, pour un maire, c’est facile : ce n’est pas lui qui paie. J’ai d’ailleurs toujours été étonné par l’hypocrisie de Nicolas SANSU sur le sujet, satisfait de faire payer la Communauté de Communes, le Conseil Général, le Conseil Régional ou l’Etat. Toutes ses couches du millefeuille sont alimentées par nos impôts.
 
L’avenir financier de Vierzon inquiète Nicolas SANSU. Il m’inquiète aussi. Nous ne pouvons augmenter les impôts, nos impôts. Plus ces derniers augmentent, moins ils sont justes et plus ils appauvrissent les vierzonnais et les français à une autre strate. Nous ne pouvons augmenter nos emprunts sans hypothéquer notre avenir et celui de nos enfants. Nous ne pouvons demander plus à l’Etat sans transférer notre problème de mauvaise gestion à son niveau. Nicolas SANSU se retrouve dans la peau du chef d’entreprise que je suis : moins de rentrées financières parce que moins d’activité et plus de charges. Certains vont me parler du fameux “pacte de responsabilité” sauf que ce dernier est à peine entré en vigueur et qu’il agit comme un pansement avec prières sur la peau d’un mourant : on le prolonge avec l’espoir d’une guérison mais on n’en met pas les moyens. Le CICE a, pour l’instant, sauvé quelques entreprises du dépôt de bilan, évitant une vague de chômage, mais le remède n’est pas assez puissant. Il faut aller plus loin. Il nous faut un “plan KEYNES” en urgence. Mais l’outil est dangereux, économiquement, politiquement. C’est un bâton de dynamite à mèche courte dans la main d’un bébé.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire